Dossier sur le "Shutdown"


Le “shutdown” des Etas-Unis

  • Le “shutdown” qu’est-ce que c’est ?
Littéralement, shutdown en anglais signifie fermeture. Le terme désigne l'arrêt du fonctionnement de nombreuses administrations et services fédéraux aux États-Unis. Cette paralysie du gouvernement américain a officiellement démarré ce mardi 1er octobre, premier jour de l'année budgétaire, à 00h01 à Washington, soit 6h01 à Paris.

  • Y a-t-il eut d’autre « shutdown » important dans l’histoire américaine ?
Depuis 1976, les Etats-Unis ont connu 17 "shutdowns". La dernière cessation temporaire et partielle des services de l'Etat a eu lieu du 14 au 19 novembre 1995 et du 16 décembre au 6 janvier 1996 (soit 28 jours au total), sous la présidence de Bill Clinton : 280 000 fonctionnaires ont été mis au chômage et 475 000 ont vu leur salaire suspendu. Le coût de cette paralysie a été estimé à 1,4 milliards de dollars de l'époque (environ 2 milliards aujourd'hui).
Là aussi, c'est une réforme du système de santé – Medicare, l'assurance santé pour les plus de 65 ans – qui avait été à l'origine du blocage. L'opinion publique s'était alors retournée contre les républicains, qu'elle jugeait responsables de la pagaille. Quelques mois plus tard, le président sortant était confortablement réélu.
  • Comment les États-Unis en sont-ils arrivés là?
Le shutdown est prévu par la loi américaine dans le cas où le budget n’est pas voté par le Congrès. C'est ce qu’il s’est passé. La Chambre des représentants, où le parti républicain est majoritaire depuis les élections de novembre 2010, a adopté le dimanche 29 septembre un projet de budget qui permettrait au gouvernement de payer ses factures jusqu'au 15 décembre. Ce texte exige le report d'un an de l'entrée en vigueur de la loi sur la santé, « l’Obamacare » réforme emblématique du président démocrate, abhorrée par les républicains. Pour la Maison-Blanche, pas question de reporter l'Obamacare.

Le Sénat, à majorité démocrate, a rejeté lundi soir le projet de loi de la Chambre. L'année budgétaire, qui démarre le 1er octobre aux États-Unis, a donc commencé sans budget.
  • Quelles ont été les conséquences pratiques pour les Américains?
Barack Obama lui-même a été touché dans son quotidien. Les trois quarts des 1701 fonctionnaires affectés à la Maison-Blanche ont été en effet privés de travail, d'après le plan de crise de l'Administration présidentielle. Barack Obama disposait de moins de personnel pour lui faire la cuisine, passer l'aspirateur dans le Bureau ovale mais aussi pour surveiller l'économie ou même le conseiller en matière de sécurité.
À Washington DC, la collecte des ordures et le nettoyage de la voirie ont été interrompus. Près d'un million de fonctionnaires, essentiellement dans la capitale, se sont retrouvé, à partir de ce mardi matin, au chômage technique. 
La plupart des grandes administrations ont tourné au ralenti. Au Pentagone, 400.000 civils - soit la moitié des effectifs – ont reçu dès ce mardi un courrier leur signifiant leur mise au chômage technique. Quant aux militaires, ils ont été tenus de remplir leur devoir et le paiement de leur solde a été différé.                                                                                           Quelque 90.000 agents des impôts ont cessé le travail. Au ministère de la Justice, 18.000 des 115.000 fonctionnaires ont dut cesser le travail. Les procès civils ont été retardés par milliers.
Dans le domaine de la santé, l'hôpital de Bethesda, dans la banlieue de Washington, qui dépend des Instituts nationaux de la santé, refusait tout nouveau malade.
Comme il y a dix-sept ans, les musées fédéraux, les parcs nationaux, les agents du ministère de l'Environnement ont été contraints de cesser leur activité. 

  • Comment Barack Obama s’est-il tiré de l’affaire ?
Le Congrès américain a relevé mercredi 16 Octobre au dernier moment le plafond de la dette des Etats-Unis afin d’éviter un défaut de paiement, concluant la plus grave crise politique du second mandat de Barack Obama.

  • Tous ceux qui se sont retrouvés au chômage forcé ont-ils récupérer leur emploi, leur salaire ?
Pour les fonctionnaires, tous les employés du gouvernement, oui, ils ont recommencé leur travail dès le jeudi 17 octobre, et ils ont été payés même pour les jours où ils n’ont pas travaillé. Par contre, cela a été beaucoup plus dur pour tous les employés du secteur privé, qui ont été affectés indirectement par le shutdown. Par exemple, les employés des restaurants dans les parcs nationaux, qui, eux, ont été mis en congé forcé et n’ont pas été indemnisés.

  • Ces quinze jours de blocage vont-ils laisser des traces ? Lesquelles ?
Oui, elles vont forcément laisser des traces. Ça reste exceptionnel de fermer le gouvernement et de se faire si peur avec le risque de défaut de paiement. Le précédent «shutdown» du gouvernement remontait à 1996. Ce n'est pas tous les jours. Maintenant, la grande question c’est de savoir qui a gagné, qui a perdu. Dans l’immédiat, Obama est donné comme victorieux de l’épreuve, mais il faut voir à plus long terme s'il arrive bien à tirer profit de cette épreuve.

  • Combien a couté le « shutdown » ?
Le blocage budgétaire à Washington qui aura forcé des centaines de milliers de fonctionnaires américains à rester chez eux pendant plus de deux semaines, aurait ôté 0,6 point de pourcentage à la croissance du Produit intérieur brut américain au quatrième trimestre, soit 24 milliards de dollars (ce ne sont que des estimations).

  • Que va devenir la loi d’assurance maladie «Obamacare» si chère au président américain ?
La loi est en train d’entrer en vigueur. La grande date c’est le 1er janvier 2014, quand l’obligation pour les non-assurés de contracter une assurance maladie sera effective.

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